Le petit guide du créateur de langue

Non, je ne fais pas de pub pour un bouquin. Je vais juste écrire ici mon petit guide s’adressant aux conlangers, comme disent nos amis anglophone (ah, je n’ai pas inventé l’anglais…).

Petite présentation de moi-même au niveau linguistique tout d’abord : en 17 ans qu’a déjà duré ma vie, j’ai étudié le français à fond. Je connais ses nuances de la même manière que tout le monde qui le parle, mais je me suis rendu compte de l’énormité de ce savoir que les francophones partagent en étudiant d’autres langues par la suite. J’ai commencé très tôt d’apprendre l’anglais et je suis maintenant aux portes du niveau littéraire (que je ne franchirai sans doute pas, car c’est pour moi une langue-outil). Depuis deux ans, j’étudie le russe, l’allemand et l’espagnol, à mon rythme, doucement. J’ai commencé de créer ma propre langue – le pozdowien – tout petit déjà. Depuis quelques années, ce projet prend forme, avec une vraie méthode d’apprentissage et une liste de vocabulaire. J’ai une autre langue en projet plus lointain.

Langue

1. Débuter

1.1 Ayez une piste phonétique claire

La sonorité de votre langue doit avant tout plaire…à vous-même. Définissez-la avant toute chose en créant des combinaisons de lettres et de sons, déjà existantes ou originales. N’hésitez pas à construire des phrases même sans savoir ce que vous dites, juste histoire de voir à quoi la langue ressemblera.

1.2 L’alphabet

Il faut définir l’alphabet tôt s’il a des nuances avec l’alphabet latin, ou même s’il est carrément différent (ce qui est une entreprise très courageuse, d’ailleurs). Pour écrire une méthode d’apprentissage, continuez par la prononciation générale des assemblages de lettres et de sons.

2. Créer

2.1 Le groupe verbal

On pourrait croire qu’on entre directement dans la technique avec le groupe verbal, mais c’est pourtant le sujet le plus complet et le plus important dans une méthode d’apprentissage, puisque la forme « sujet + verbe + complément » est extrêmement courante et servira à apprendre les premiers mots de vocabulaire, y compris les verbes qui sont plus durs à retenir étymologiquement que les noms (en les comparant aux verbes en français ou dans une langue que vous comprenez).

Pronoms personnels, verbes au présent, place du complément, premiers pluriels simples, éventuelle première déclinaison…Notez que la présence de déclinaisons dans une langue la complique énormément, à moins que les désinences soient régulières…mais les désinences régulières, c’est ennuyeux non ?

2.2 Les formes interrogative et négative

Il est toujours intéressant de savoir comment poser une question ou comment dire non. L’interrogation et la négation sont des points dans lesquels vous pouvez ajouter votre grain de sel avec beaucoup de fantaisie.

2.3 La subordonnée

Une forme courante aux exceptions potentiellement intéressantes.

2.4 Le genre et le nombre

Voici des points primordiaux que vous pouvez même ajouter plus tôt dans votre méthode. Là encore, c’est le paradis de ceux qui aiment les exceptions.

2.5 Les temps verbaux

Pas grand-chose à dire là-dessus, si ce n’est un truc en particulier : plus vous irez loin dans la création de votre langue, plus vous vous rendrez compte du risque de confusion entre certains de ses éléments. Alors faites des terminaisons verbales bien distinctes et assez faciles à retenir. A moins que vous ayez le courage de créer et retenir des irrégularités équivalentes à l’espagnol ou au français. Notez qu’une langue n’a pas besoin d’autant de temps que le français pour fonctionner.

2.6 Le vocabulaire

Le vocabulaire est la bête noire du conlanger. Il faut des milliers de mots pour parler une langue de manière basique. Il faut donc les créer, ne pas les confondre, ne pas dupliquer trop souvent sous peine de se perdre dans les homonymes…et les retenir. Petites astuces pour faire passer la pilule :

  • cachez des liens étymologiques dans les mots que vous inventez. Exemple : si vous connaissez le mot allemand « Zeit » pour « temps », vous pouvez traduire le mot « temps » en « zait » dans votre langue. Vous pouvez aussi l’écrire « zut » si vous décidez que le « U » se prononce « aï ». Du moment que ça vous permet de retenir le mot, tout est permis ! ;
  • écrivez des textes en votre langue. Des traductions de poèmes ou de chansons, par exemple. En parallèle, vous copierez les mots nécessaires dans votre dictionnaire et votre cerveau enregistrera automatiquement certaines tournures.

3. Fignoler

3.1 Les annexes

Après ces catégories grammaticales de choses auxquelles penser, il reste de gros éléments dont on n’a pas parlé : l’heure, la date, les nombres…tout ça peut aller en fin de la méthode d’apprentissage, dans les « Annexes ». Vous pouvez aussi choisir d’y mettre de petits éléments comme les pronoms possessifs, les tableaux de déclinaisons, etc. Faites à votre convenance, mais les annexes seront probablement un entrepôt de données efficace même pour une langue simple.

3.2 Les grandes règles

Voici quelques grandes règles que je vous conseille vivement de respecter pour conserver toute votre foi et toute votre motivation en votre bébé-langue :

  • passez par informatique. En cas de correction, c’est bien plus facile que d’essayer de se retrouver dans un tas de feuilles volantes. Et un tableur est tellement plus pratique pour trier une liste de vocabulaire avec la traduction des mots ;
  • ne faites pas votre langue tellement compliquée que vous n’y comprenez vous-même plus rien ou tout ça fera long feu ;
  • si vous n’avez pas trop de choses à penser, amusez-vous à traduire dans votre tête ce que vous voyez un peu partout : les étiquettes d’emballage, les slogans de publicités…Ça brassera la zone de votre cerveau marquée « ma langue » et ça sera forcément bénéfique à sa mémorisation.

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J’espère que je vous aurai été utile dans la création ou le projet de création de votre langue. Ou au moins intéressé de mes balivernes. Et puisque c’est une chose ouverte à tout le monde, même à ceux qui pinaillent dans l’orthographe française, je vous invite à prendre ce nouveau mot que j’offre à la langue française : « conlanger ». De l’anglais « conlanger« , « quelqu’un qui invente des conlangs, des langues construites ». Aeruk sum féjag, mawyz-niechyz !

2 commentaires

  1. J’adore ! Très compréhensible.

    Mais j’ai une idée. A côté du mot traduit, on pourrait mettre la « prononciation » du mot non ?
    Du genre : « Je suis moi => wrAspezbv /eroaspezbeve/ ». On a la phrase en français, puis la traduction, et enfin comment lire la traduction.

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